Je souhaite en préalable vous lire ce qu’a écrit l’OMS en décembre 2014
« À l’heure actuelle, on dispose de peu de données quant à l’efficacité de la plupart des interventions effectuées suite à un signalement.
Le soutien apporté à la personne s’occupant de la personne âgée après un cas de maltraitance réduit la probabilité de récidive et les programmes intergénérationnels dans les écoles (pour lutter contre les préjugés et les comportements sociaux négatifs à l’égard des personnes âgées) semblent encourageants.
Les données factuelles laissent penser que les services de protection des adultes et les visites à domicile effectuées par les services de police et les travailleurs sociaux pour des victimes de maltraitance peuvent en fait avoir des conséquences négatives et entraîner une augmentation de la maltraitance à l’égard de la personne âgée. »
Ces constatations soulèvent de notre part des interrogations et mériteraient d’être mise en parallèle des actions qui sont menées sur le terrain. Je trouvais intéressant de vous le livrer.
L’objet de mon intervention est de vous présenter le COPREMA Comité de Prévention des Maltraitances. Pour vous en parler, il me faut vous faire part de ce qui a présidé à sa mise en place.
Le CRERA, Comité de réflexion éthique, a été sollicité à plusieurs reprises par des familles pour des cas qu’elles ont identifiés comme étant de la maltraitance, et qui n’ont pas trouvé les réponses ou l’aide qu’elles en attendaient, alors que les signalements avaient été effectués.
Ces cas isolés mais néanmoins suffisamment graves, mettent à mal le travail de qualité des professionnels qui chaque jour accompagnent les personnes âgées ou handicapées. L’amalgame est facile, la suspicion et le doute ne sont pas propices à l’établissement d’un climat de confiance pour les familles et leurs parents dès lors qu’elles sont dans la nécessité de se faire aider à domicile ou trouver un établissement. Il nous a semblé nécessaire la mise en place d’un organe neutre pouvant contribuer à faire évoluer positivement les mentalités en matière de prise en charge des Aînés.
Nous avons sollicité nos adhérents et partenaires pour débattre sur le sujet de « La maltraitance des Personnes âgées »
Nos questionnements ont porté sur :
- Comment être actif face la maltraitance ?
- Que faut-il mettre en place pour compléter le dispositif ?
- Jusqu’où s’autoriser à aller ?
- Comment lever les obstacles ?
- Quel rôle dans un réseau de lutte contre les maltraitances ?
Les débats riches et constructifs ont fait ressortir des points qui méritaient toute notre attention à savoir la protection des témoins, l’accueil des nouveaux salariés, l’accueil des stagiaires
Il nous a semblé incontournable la mise en place d’un dispositif collectif, «identifié et qualifié », dont les compétences et les complémentarités serait une force face à des situations bloquées de lutte contre les maltraitances.
Afin de lever toute ambiguïté, nous décidons de ne pas parler de bientraitance, mais de maltraitance, pour ne pas minimiser la portée de ce mot
Le COPREMA était né
SES OBJECTIFS :
-Valoriser les Etablissements et les Services du Domicile qui s’engagent dans une démarche responsable et volontariste du traitement des maltraitances.
-Permettre aux familles et personnes âgées de repérer ces derniers et leur permettre de faire un choix plus éclairé et rassurant.
-Demander à ce qu’une attention soit portée sur :
Libérer la parole des témoins, comment rendre leur protection effective et le faire savoir, nous en avons eu l’information ce matin avec Monsieur le Juge Eric Bernard
Nous souhaitons travailler avec les instances départementales dans une cohérence d’actions
LE CRERA fait le pari, en demandant à des établissements et services porteurs de cette initiative et partageant ses valeurs, qu’une autre voie est possible dans la lutte contre les maltraitances, qui nous le savons ne met personne à l’abri.
Nous savons également combien les professionnels peuvent être démunis face à ce qui est un phénomène inhérent à la condition humaine et sa fragilité, qu’il convient de prendre en compte dans la gestion courante d’une institution.
Le COPREMA sera un soutien dès lors qu’un responsable en fera la demande, il pourra lui être proposé des actions de :
Les Etablissements et Services qui s’engagent dans cette démarche, concrétiseront celle-ci par la signature d’une lettre d’engagement et d’un cahier des charges co-écrits avec l’ensemble des parties prenantes.
La lettre d’engagement a une validité de trois ans, à l’issue de laquelle elle pourra ou non être renouvelée selon les termes prévus dans la lettre
Nous nous donnons une année pour faire une visite sur site. Cette visite sera l’occasion d’une réunion commune entre les professionnels et les usagers et leurs familles.
Nous insistons sur le caractère d’accompagnement du COPREMA et non de censeur, chacun conservant l’entière autonomie de son fonctionnement.
Le COPREMA est constitué de deux instances :
1) un groupe de référents et de personnes qualifiées, composé de personnes qui ne peuvent être en situation de responsabilité tant dans un établissement que dans un service du domicile, ceci afin de garantir une neutralité d’action.
Ce groupe interviendra uniquement sur demande des Etablissements et Services.
Les personnes de ce groupe sont choisies pour leurs compétences dans des domaines variés mais ayant des qualités reconnues en matière éthique, humaniste, juridique, médicale, culturelle, cultuelle, d’enseignement des personnels du secteur de l’handicap, et de la gérontologie, d’accompagnement à la fin de vie, certains sont membres actifs d’associations qui œuvrent auprès de personnes fragilisées.
2) Le second groupe
Est composé de tous les signataires de la lettre d’engagement, et qui adhérent aux valeurs du CRERA, partagent son éthique et souhaitent s’investir dans la démarche de lutte contre les maltraitances
Ce groupe participera aux travaux qui permettront au COPREMA de se structurer, de :
Il va sans dire que cette démarche est une démarche extrême qui nous le souhaitons vivement ne se produira pas, mais le COPREMA comme tout citoyen à un devoir de signalement et ne se dérobera pas.
Dans notre approche nous n’évacuons pas et prenons en compte la difficulté qu’il y a à accompagner une personne âgée dépendante, la somme de patience, de don de soi, d’épuisement qui est le lot de beaucoup de soignants et de familles aidantes.
La vulnérabilité des personnes âgées dépendantes rend vulnérables ceux qui au quotidien les accompagnent sur le chemin difficile de la perte d’autonomie.
Lorsque qu’il sera compris de tous que l’accompagnement des aînés passe également par l’accompagnement des aidants, et que les moyens humains doivent être au rendez- vous du défi que pose et posera notre société, nous pourrons espérer voir reculer les actes maltraitants liés à l’épuisement.
Nous ne saurons que trop répéter, que le manque de moyens ne peut être l’alibi qui justifierait un acte de maltraitance. La vigilance de tous et de tous les instants est nécessaire. Le respect ne se monnaye pas, la dignité de l’autre passe par la conscience de sa propre dignité
Avec le COPREMA c’est un défi que nous lançons à tous les professionnels d’avancer ensemble sur une voie difficile, mais certainement très gratifiante. La lutte contre les maltraitances aux âgés vulnérables est une affaire collective
Merci de votre écoute.